Les Runes Nordiques

L’alphabet runique ou futhark — terme formé à partir du nom de ses six premières lettres — est un alphabet qui fut utilisé pour l'écriture de langues germaniques par des peuples parlant ces langues, tels les Scandinaves, les Frisons, les Anglo-Saxons.

L'histoire des runes

Le fuþark ou futhark fut créé par les locuteurs d'un dialecte germanique tels les Scandinaves, les Frisons, les Anglo-Saxons, etc... afin de transcrire leur langue. Quelques érudits prétendent que les runes seraient entièrement issues de l’alphabet grec ou latin, mais la plupart des experts considèrent que le fuþark est un mélange aux origines diverses. Plusieurs runologues pensent que les runes sont issues d’un mélange d’alphabets alpins-italiques, surtout les alphabets rhétiques et camuniques de Bolzano-Sanzeno, dont cinq runes seulement n’ont pas d’équivalent. Quelques lettres ont une origine latine évidente, par exemple les runes pour /f/ (ᚠ) et /r/ (ᚱ), d’autres qui rappellent — au moins au niveau du format — les alphabets alpins : par exemple la rune /h/ (ᚺ) avec correspondant rhétique, la rune /p/ (ᛈ) en face de l’alphabet camunien et la rune /d/ (ᛞ), visiblement tirée du san lépontique (transcrit ś) de l’alphabet de Lugano. Certaines lettres peuvent être aussi bien rhétiques que latines, par exemple la rune /i/ (ᛁ).

Il existe plusieurs théories sur l'origine des runes. La difficulté soulevée par toutes ces hypothèses, aussi sérieuses soient-elles, est qu'aucune n'est capable de fournir une explication complète sur l'origine des fuþark, en raison d'un problème soit de datation, soit de contact entre les Germains et les systèmes d'écriture de leurs « voisins ». Les runes les plus anciennes qui nous sont parvenues dateraient du IIe siècle. L'inscription considérée comme la plus ancienne est celle trouvée à Vimose, au Danemark ; elle daterait de 150 ans apr. J.-C. : le mot Harja gravé sur un peigne.

Peigne de Vimose
Peigne de Vimose avec le nom Harja

Une possible inscription du Ier siècle (qui n'est pas attestée par tous les spécialistes) est la fibule de Meldorf, qui peut être lue soit en écriture latine nidi, soit en latin et runique irih, hiri, ou finalement en runique iwih, iþih ou hiþi. Il est généralement accepté qu’elles ne furent pas inventées avant le Ier siècle. Ces runes primitives, jusqu’aux environs de l’an 650, semblent toutes utiliser le même fuþark de 24 runes (mise à part l'inversion occasionnelle de 2 paires de runes). La plupart de ces inscriptions sont très courtes et difficilement compréhensibles. La plupart des runes préservées sont gravées sur pierre, mais quelques fragments existent sur bois, écorce et os, et quelques-uns sur parchemin, le plus fameux étant le Codex Runicus. Il a été avancé — de façon ésotérique et sans fondement scientifique — que le fuþark ancien pourrait avoir des origines bien plus anciennes et être en lien non pas avec les écritures méditerranéennes, mais avec les pétroglyphes d'Hallristinger découverts en Norvège. Même si l'on occulte les corrélations évidentes avec les autres alphabets, et si quelques signes peuvent évoquer des rapprochements avec certaines lettres runiques, aucune étude sérieuse ne cautionne l'affiliation entre runes et « écriture de Hallristinger », qui peut au mieux prétendre au statut de proto-écriture.